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AVOCATS.


Filleau, aujourd’hui avocat du Roi à Poitiers, plaidant ici pour je ne sais quelle confrérie du Rosaire, dit que les grains de chapelet étoient autant de boulets de canon qu’on tiroit pour prendre le ciel.

Lambin et Massac, en leur jeunesse, allant se promener, rencontrèrent une vieille qui chassoit des ânes ; et se voulant railler d’elle : « Adieu, lui disent-ils, la mère aux ânes. — Adieu, dit-elle, mes enfants. »

Un avocat huguenot, nommé Perreaux, qui a fait cette ridicule préface au-devant du livre de M. de Rohan, Des Intérêts des Princes[1], plaida une fois pour des marchands portugais ; c’étoit avant la révolte du Portugal, et commença ainsi son plaidoyer : « Messieurs, je parle pour haut et puissant prince roi des Espagnes… » et dit tous les titres de Sa Majesté Catholique. Depuis, on l’appela l’avocat du roi d’Espagne.

La Martellière ne plaidoit guère bien non plus, mais il avoit bonne tête pour les affaires. Il commença le plaidoyer pour l’Université contre les Jésuites par la bataille de Cannes. Cela fit un plaisant effet, car Dempster, professeur en éloquence, avoit publié, un jour

  1. Il y a plusieurs éditions de ce livre. La plus recherchée est celle que les Elzévirs ont donnée en 1641.