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abattre. On n’a jamais vu une femme si avare ; ni elle ni son mari autrefois n’ont jamais assisté ni le feu roi d’Angleterre[1], ni celui-ci[2], ou du moins ç’a été si peu de chose que cela ne vaut pas la peine qu’on en fasse mention. Durant la vie de son fils, elle a pris à toutes mains. Elle tire du roi d’Espagne, elle tire du roi de France, et est à qui plus lui donne. Elle, Kunt et Pauw gouvernoient tout.

Depuis la mort de son fils, elle et sa belle-fille sont plus mal que jamais. Il semble qu’elle s’attache entièrement à l’Électeur de Brandebourg, car elle laisse ruiner le petit prince d’Orange. Quatre ou cinq Anglois affamés pillent la mère, qui est tutrice. Les États, et surtout la province de Hollande, ne sont pas fâchés que la maison de Nassau ne soit plus si puissante[3]. Si cela continue, il sera gueux, lui qui avoit douze cent mille livres de rente.




LE PRINCE D’ORANGE, LE PÈRE[4].


Pour se rendre plus puissant envers les gens de guerre, il laissa, contre l’ordre, traiter des charges. La première

  1. Charles Ier.
  2. Charles II.
  3. À cause de l’entreprise du dernier mort sur Amsterdam ; apparemment il se vouloit faire souverain. On a cru même qu’il avoit été empoisonné dans sa petite-vérole ; d’autres disent que la limonade l’a tué. (T.)
  4. Frédéric-Henri de Nassau, prince d’Orange, stathouder de Hollande, frère du célèbre Maurice de Nassau, né à Delft le 28 février 1584, mort à Munster le 14 mars 1647. Il a laissé des Mémoires (de 1621 à 1646) ; Amsterdam, 1733, in-4o.