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M. DE MAYENNE[1].


Le dernier duc de Mayenne, fils du duc de Mayenne de la Ligue, étoit un homme fort bien fait, plein de cœur, plein d’honneur, et sur la parole duquel on auroit tout hasardé. Il étoit en grande réputation. Ce n’étoit pas un homme d’une grande vivacité d’esprit, mais il avoit un grand sens. Il a été galant. Le tour que fait Hilas dans l’Astrée, par le moyen d’un miroir où il avoit mis son portrait, est une malice que M. de Mayenne fit à son frère, le comte de Sommerive, et que le comte de Sommerive ne lui voulut jamais pardonner. Cela arriva à Soissons, et Dorinde en cet endroit-là est une madame Payot, femme d’un trésorier de France, au bureau de cette ville-là.

J’ai vu à Bordeaux une dame qu’on appeloit madame de Tastes, qui avoit un fils fort bien fait. On disoit qu’il étoit fils de M. de Mayenne. Ce garçon mourut fort jeune. Je me souviens que comme nous étions enfants, on joua à Bordeaux une tragédie d’Ixion, où l’on représentoit les enfers. Les autres enfants qui allèrent sur le théâtre ne vouloient point approcher de ces enfers ; celui-là seul alla hardiment partout. On disoit tout haut : « Voyez, il ne se dément point. » Cette

  1. Henri de Lorraine, duc de Mayenne, grand-chambellan de France, gouverneur de Guienne, fils du ligueur, mort sans postérité en 1621, à l’âge de quarante-trois ans, au siége de Montauban.