Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Pour accorder les deux religions, il ne faut, disoit-il, que mettre vis-à-vis les uns des autres les articles dont nous convenons, et s’en tenir là, et je donnerai caution bourgeoise à Paris, que quiconque les observera bien sera sauvé. »

À l’arrière-ban, comme on lui eut ordonné de parler aux Gascons pour les faire demeurer, il commençoit à les émouvoir, quand un d’entre eux dit brusquement : « Diavle, vous vous amusez à escouter un homme qui fait de libres. » Et il les emmena tous.

Il a toujours été galant : il étoit propre, dansoit bien, et étoit bien à cheval. C’étoit un des dix-sept seigneurs[1]. Il fut quinze ans tout entiers à Paris, en disant toujours qu’il s’en alloit. Pour un camus, ç’a été un homme de fort bonne mine. J’oubliois qu’une de ses plus fortes inclinations a été madame Guelin. Il l’aima devant et après la mort de Henri IV. Cela a duré plus de dix ans. Il passoit pour un honnête homme. On l’avoit souhaité pour gouverneur du Roi, mais il n’a pas assez vécu pour cela. Je crois qu’il ne l’eût pas été, quand il eût vécu jusqu’à cette heure[2]. Il fut quinze ans à dire qu’il s’en alloit. Un de ses amis, nommé Forsais, gentilhomme huguenot, fut onze ans entiers à faire ses adieux tous les jours.

  1. Voir ci-après l’explication que Tallemant donne de cette dénomination au commencement de l’Historiette du cardinal de Richelieu.
  2. Le valet de chambre La Porte dit dans ses Mémoires, en parlant du comte de Cramail : « C’étoit un fort honnête homme, très-sage, qui avoit si bien acquis l’estime de la Reine, que j’ai ouï dire à Sa Majesté long-temps auparavant, que si elle avoit des enfants dont elle fût la maîtresse, il en seroit le gouverneur. »