Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/352

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M. d’Épernon mena la Reine à Angoulême, M. de Luçon l’y fut trouver. Ce fut là que l’abbé de Rusceillaï, Florentin, et lui, disputèrent dix ou douze jours de la faveur auprès de la Reine-mère, et l’abbé l’alloit emporter sur l’évêque, si M. d’Épernon, tout-puissant en cette petite cour, n’eût combattu de toute sa force l’inclination de la Reine. La drôlerie du Pont-de-Cé vint ensuite[1] ; le baron de Fœneste[2] s’en moque assez plaisamment, et le nom qu’on a donné à cette belle expédition témoigne assez que ce ne fut qu’un feu de paille. Bautru, dont nous parlerons plus d’une fois, y avoit un régiment d’infanterie au service de la Reine-mère, et il lui disoit un jour : « Pour des gens de pré, madame, en voilà assez ; pour des gens de cœur, c’est une autre affaire. » Il dit encore, quand, pour assurance d’amitié entre messieurs de Luynes et M. de Luçon, ont fit le mariage de mademoiselle de Pont-Courlay avec Combalet[3], que les canons du côté du Roi disoient Combalet, et ceux du côté de la Reine-mère, Pont-Courlay[4].

M. de Luynes, à qui le Père Arnould, Jésuite, confesseur du Roi[5], commençoit à rendre de mauvais

  1. Le Pont-de-Cé fut attaqué et pris par les troupes du Roi sur les troupes de la Reine-mère, le 8 août 1620 selon quelques historiens, le 7 selon d’autres.
  2. Les Aventures du baron de Fœneste divisées en quatre parties, par d’Aubigné, 1630, in-8o. L’édition la plus estimée est celle de Cologne, chez les héritiers de Pierre Marteau. 1729, 2 vol. in-8o.
  3. C’est aujourd’hui madame d’Aiguillon. (T.)
  4. M. de Luynes voulut obliger le Père Arnould à lui révéler la confession du Roi ; le Père n’y voulut jamais consentir, quoique sa Société l’y voulût obliger ; enfin on fit prendre un autre confesseur au Roi. (T.)
  5. Allusion au mariage de mademoiselle de Vignerot Pont-Courlay,