Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/373

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servir. » Il se mit à rire, et dit qu’il en vouloit avoir des greffes. Enfin M. d’Angoulême fit la paix de Montatère, à condition qu’il ne parleroit point. En effet, le Roi lui dit : « Montatère, je te pardonne, mais point d’éclaircissement, » et lui tourna le dos. Il eût bien mieux fait, ou le cardinal pour lui, de châtier ceux qui s’enfuirent si vilainement de Paris ; car en ce temps-là le chemin d’Orléans étoit tout couvert des carrosses des gens qui croyoient n’être pas en sûreté à Paris. Barentin de Charonne en fut un. Il falloit en faire un exemple, et le condamner à une grosse amende, riche comme il étoit et sans enfants.

On a su du maréchal de La Meilleraye qu’un homme vêtu à l’espagnole vint demander à parler au cardinal de Richelieu tête à tête, et, après bien des allées et bien des venues, voyant qu’il s’obstinoit à parler sans témoins, on fut obligé de le fouiller. Il lui proposa, moyennant douze mille écus par mois, de lui faire savoir tout ce qui se passeroit dans le conseil d’Espagne. Le cardinal accepta le parti, résolu de hasarder le premier mois ; depuis il continua. On portoit l’argent dans un certain égoût vers Fontarabie où l’on trouvoit des relations de tout ce qui s’étoit passé. Je ne sais pas précisément quand cela a commencé et combien cela a duré.

Quand le duc Weimar vint[1] à Paris, le comte de Parabelle, assez sot homme, l’alla voir comme un autre, et fut si impertinent que de lui aller demander pourquoi il avoit donné la bataille de Nordlingen[2].

  1. Bernard de Saxe, duc de Weimar.
  2. Où il fut battu le 7 septembre 1654 par les Impériaux ; il commandoit l’armée suédoise.