Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/375

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fesseur du collége du cardinal Le Moine, fut plus tourmenté. On lui défendit de sortir de son collége ; on le lui donna pour prison. Après, on l’obligea, dans la chambre du Père Joseph, chez le cardinal de Richelieu, de signer des choses qu’il ne vouloit point signer. On le vouloit ensuite renvoyer en carrosse, comme on l’avoit amené : il dit qu’il vouloit faire exercice, mais c’étoit qu’il vouloit entrer, comme il fit, chez le premier notaire, et il y signa des protestations contre la violence qu’on lui avoit faite.

Dans le dessein de faire un duché à Richelieu, il voulut avoir l’Isle-Bouchard, qui étoit à M. de La Trémouille ; et, pour le faire donner dans le panneau, il envoya des mouchards, qui dirent que le cardinal en donneroit tant ; c’étoit plus que cette terre ne valoit : le duc le crut. Le cardinal lui demande s’il la lui vouloit vendre. L’autre dit que oui, et qu’il lui en donnoit sa parole. « Et moi, dit le cardinal, je vous donne aussi la mienne de l’acheter : il faut donc voir, ajoute-t-il, combien elle sera estimée, car vous ne voudriez pas me survendre. — Ah ! on m’avoit dit, répondit le duc, que vous en donneriez tout ce qu’on voudroit. » Cependant il fallut en passer par là. La forêt seule valoit les cent mille écus qu’il en donna. M. de La Trémouille a bien fait de plus fous marchés que celui-là. La Moussaye, son beau-frère, a tiré de la forêt de Quintin, qu’il lui vendit avec la terre de Quin-

    cardinal Du Perron, qui voulurent, en 1611, faire soutenir chez les Dominicains des thèses sur l’infaillibilité du pape, et sa supériorité sur le concile. Son livre, de Ecclesiasticâ apostolicâ potestate, composé pour le premier président de Verdun, a donné lieu à bien des disputes.