Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/40

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Ils n’étoient bouclés ni frisés,
Et......... rarement leur page.

Malgré toute cette grande propreté dont nous venons de parler, dès trente-cinq ans M. de Bellegarde avoit la roupie au nez ; avec le temps cette incommodité augmenta. Cela choquoit fort le feu roi Louis XIII, qui pourtant n’osoit le lui dire, car on lui portoit quelque respect. Le Roi dit à M. de Bassompierre qu’il le lui dît. M. de Bassompierre s’en excusa. « Mais, Sire, dit-il au Roi, ordonnez en riant à tout le monde de se moucher, la première fois que M. de Bellegarde y sera. » Le Roi le fit, mais M. de Bellegarde se douta d’où venoit ce conseil, et dit au Roi : « Il est vrai, Sire, que j’ai cette incommodité, mais vous la pouvez bien souffrir, puisque vous souffrez les pieds de M. de Bassompierre. » Or, M. de Bassompierre avoit le pied fin. On empêcha que cette brouillerie n’allât plus loin.

Une fois qu’on attendoit M. de Bellegarde à Nancy, où il devoit aller de la part du Roi, un conseiller d’état du duc de Lorraine revenoit d’un petit voyage à neuf heures du soir. Il se présenta aux portes pour voir si on lui ouvriroit. Il dit : « C’est M. le Grand. » On crut que c’étoit M. de Bellegarde. Voilà les tambours, les trompettes, grande quantité de flambeaux, des gens qui venoient demander où est M. le Grand. « Le voilà qui vient, » disoient les valets. Le duc l’envoya prier de venir au palais. Il y va bien étonné de tant d’honneurs, au lieu qu’on avoit accoutumé de n’ouvrir à personne à cette heure-là. Le duc lui dit : « Où est M. le Grand ? — Monseigneur, c’est moi,