Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/83

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cer ses parents. Elle fit donner des bénéfices ou des compagnies à sept ou huit frères qu’elle avoit, maria fort bien deux de ses sœurs. L’une épousa un gentilhomme de la campagne, et depuis, étant veuve, elle fut entretenue, car c’est une bonne race, par un prieur proche de Die, dont elle eut une fille qui est religieuse dans Grenoble, mais que madame la connétable, cette prude, n’a pas voulu voir. L’autre fut mariée à un capitaine nommé Tonnier, et après sa mort elle épousa un président de la chambre des comptes de Grenoble, appelé Le Blanc. Celle-ci ne voulut point faire honte à ses aînées, et pendant la vie et après la mort de son second mari, elle eut pour galant un nommé L’Agneau, qu’elle épousa à l’article de la mort, et après avoir reçu l’extrême-onction.

La marquise maria aussi les deux filles qu’elle avoit eues du drapier, l’une à La Croix, maître-d’hôtel de M. de Lesdiguières, et en secondes noces au baron de Barry. Celle-ci se garda bien de dégénérer, et fut une digne fille d’une telle mère. L’autre fut mariée trois fois : la première à un gentilhomme de la campagne dont je ne sais point le nom ; la seconde à un autre gentilhomme nommé Moncizet, avec lequel elle fut démariée, et pour la troisième fois elle épousa le marquis de Canillac.

Quant aux filles qu’elle avoit eues de M. de Lesdiguières, nous dirons ensuite à qui elles furent mariées ; mais il faut dire auparavant de quelle façon leur mère parvint à se faire épouser par M. de Lesdiguières.

Elle étoit demeurée à Grenoble, tandis que M. de Lesdiguières étoit au siége de quelque place dans le