Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/97

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ruiné, prétendoit ravoir sa femme le lendemain, résolu de tout souffrir pour faire fortune ; mais elle n’y voulut jamais consentir. On rompit le mariage à condition que Césy auroit les trente mille écus.

Il se maria après avec Béthune, fille de la Reine, aussi laide que l’autre étoit belle. Ses trente mille écus ne durèrent pas long-temps, et depuis, pour se remettre, il demanda l’ambassade de Turquie, où, contre l’ordinaire, il mena sa femme ; mais il ne craignoit pas autrement que le Grand-Seigneur la fît enlever pour la mettre dans le sérail.

En passant à Turin il laissa sa fille à madame de Savoie[1]. Elle étoit belle et y fut comme favorite ; mais il fallut la renvoyer parce qu’elle contrefaisoit le bossu[2], qui étoit amoureux de sa belle-fille. Elle y avoit fait quelque fortune ; au retour elle épousa M. de Courtenay[3]. Le bossu étoit galant. En une collation qu’il donna à Madame, toute la vaisselle d’argent étoit en forme de guitare, parce qu’elle aimoit cet instrument.

    geris, nec osculum retuleris, nisi peregrè proficiscens et trinundinum abfuturus, ut à sinu curiosam abstineas manum, nec adsis molestus noctium arbiter, aut antè sextam diei horam uxoris thalamum temerariâ manu recludas ; si quam intereà prolem tibi genuerint Dii, illam protinus tollas, et gratuito hœrede felicissimam augeas domum. Si hœc faxis, tum tibi in uxoris nomen venire licebit, bonisque avibus juncto per exterarum gentium urbes celeberrimis itineribus volitare. (Euphormionis Lusinini, sive Joannis Barclaii satiricon. Lugd. Bat. apud Elzevirios 1637, pag. 196.) Plus d’un de nos lecteurs recourra à l’ouvrage que nous citons pour y voir les conditions imposées à l’épouse. La longueur de cette note ne nous a pas permis de les insérer ici.

  1. Chrétienne de France, fille de Henri IV.
  2. Le duc de Savoie.
  3. C’étoit ce qu’il lui falloit, car elle fait assez la princesse. Les Courtenay, depuis quelques années, ont prétendu être princes du sang. (T.)