Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/165

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laissai les femmes en arrière, m’empressant, avec d’autres Indiens, d’arriver au lieu où nous devions camper. Je coupai et je plantai en terre quelques pieux pour ma cabane ; mais les femmes n’arrivaient pas, et je n’avais ni nattes ni provisions. Le lendemain, j’eus honte d’avouer aux Indiens que je n’avais rien à manger, et je laissai mes enfans crier de faim. Le même amour-propre m’empêcha de camper avec mes compagnons.

Je comprenais que ma femme avait voulu me quitter, et je n’avais aucun motif de supposer qu’elle vînt immédiatement me rejoindre. Je partis donc le premier, et, m’arrêtant au delà de l’endroit où les autres devaient camper, je tuai un cygne gras que mes enfans mangèrent. Le temps devenait bien froid, et j’avais un long trajet à parcourir ; mais je craignais surtout d’être surpris par les Indiens. Je fis coucher mes enfans dans le fond du canot, et je les couvris de mon mieux d’une peau de bison. Le vent soufflait avec une violence toujours croissante ; les vagues