Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/322

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Quand je revins à moi, je me cachai près du rivage pour observer mon ennemi. Bientôt je vis Ome-zhuh-gwut-oons sortir de sa cachette, mettre son canot à flot, s’y embarquer et descendre la rivière. Il passa tout près de moi, et j’éprouvai une vive tentation de m’élancer sur lui pour le saisir et l’étrangler dans l’eau ; mais je craignis que la force ne me manquât, et je le laissai passer sans me découvrir.

Je ne tardai pas à sentir la soif la plus ardente ; les bords de la rivière étaient escarpés et rocailleux ; je ne pouvais, avec mon bras blessé, me coucher pour boire ; il me fallut donc entrer dans l’eau, et m’y plonger jusqu’à ce qu’elle baignât mes lèvres. La soirée se rafraîchissait de plus en plus, et ma force renaissait à proportion. Mais le sang paraissait couler plus librement, et je me mis à panser ma blessure. Je tâchai, quoique la chair fût déjà très gonflée, de replacer les fragmens de l’os. Je commençai par déchirer en petites bandes le reste de ma chemise ; puis, avec mes dents et ma main gauche,