Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/414

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quelque horrible forme, l’Indien exprime son anxiété, offre ses supplications, ou peut-être se rappelle une pensée favorite, l’orgueil de sa vie et la consolation de sa mort ; il le fait par un chant mesuré et monotone, dans lequel l’oreille d’un étranger distingue surtout la fréquente répétition d’un mot.

Ce n’est pas seulement dans les circonstances graves et accidentelles de la vie que nous retrouvons chez eux ces grossiers rudimens de la poésie et de la musique. L’amour, dans ses revers ou dans ses triomphes, le chagrin, l’espoir et l’ivresse adoptent la même méthode de s’exprimer. Quand ils sont ivres, ce qui n’est pas rare, les hommes, et surtout les femmes de quelques tribus, font entendre la nuit, quelquefois même pendant toute la nuit, des chants plaintifs et mélancoliques sur la mort de leurs parens ou sur d’autres infortunes.

A entendre ces lamentations, lorsque l’obscurité ne permet pas de distinguer les cantatrices trop souvent dégoûtantes, et que la distance adoucit la