Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/415

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rudesse de leurs intonations, on peut trouver quelque chose de touchant dans leurs complaintes improvisées. Les voix sont souvent belles, et les paroles sont presque toujours celles d’une souffrance vraie, naturelle et sans art. Du grand nombre de ces chants mélancoliques, et des flots de larmes, qui sont chez les Indiens les suites de l’enivrement, on pourrait conclure que leur condition entraîne plus de chagrins et de souffrances que celle de quelques autres races, ou que l’excès des liqueurs spiritueuses agit différemment sur eux.

On peut, du moins, en tirer cette conséquence, que, dans leur sobriété, ils portent un masque. En réalité, ceux qui connaissent le mieux les Indiens savent à merveille quels sont leurs constans efforts pour cacher leurs sensations, et combien ils finissent par apprendre l’art de ne point laisser lire ce qu’ils éprouvent. Quant à ces effusions, non préméditées, qui se mêlent aux hoquets de leur ivresse, l’admirateur le plus enthousiaste des Indiens ne saurait les