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CHAPITRE I. — LES DOXOGRAPHES GRECS.

Il est clair, d’autre part, que le rédacteur des Placita primitifs appartenait à l’école stoïcienne de Posidonius et qu’il a dû se servir des écrits de ce dernier. Il semble également avoir eu à sa disposition un recueil d’opinions de médecins, plus ou moins ancien, et constituant dès lors aussi une source étrangère à Théophraste.

Il n’en reste pas moins certain que, pour tous les philosophes antérieurs à Platon, le successeur d’Aristote demeure l’unique source de tous les renseignements doxographiques de l’antiquité et que la valeur de ces renseignements se doit estimer d’après le degré dont on peut admettre qu’ils se rapprochent du texte de Théophraste.

9. Pour terminer ce sommaire de l’histoire de la doxographie, il suffira d’ajouter quelques mots sur deux ouvrages spéciaux, le Pseudo-Galien De Historia philosopha, et Hermias (Gentilium philosophorum irrisio).

Comme je l’ai déjà indiqué, la première compilation a été en partie copiée littéralement sur les Placita du Ps.-Plutarque. La date de cet opuscule est très incertaine ; il semble toutefois qu’on doive la rapprocher de l’an 500 de notre ère. Probablement destiné à l’instruction générale des étudiants en médecine, ce manuel entre, particulièrement sur la logique, dans des développements étrangers aux Placita et il donne aussi un aperçu très bref sur les successions des écoles philosophiques. L’auteur a donc fait des emprunts à une autre source, qu’il est possible de déterminer comme ayant été un manuel stoïcien écrit vers l’an 100 de notre ère, et utilisé également d’une part, par Clément d’Alexandrie, de l’autre, par Sextus Empiricus.

L’écrit que nous possédons sous le nom d’Hermias représente, sous la forme la moins sérieuse, mais en même temps de la façon la plus caractéristique, la polémique chrétienne dirigée contre la philosophie hellène. Le ton de la moquerie est tel qu’on ne peut guère supposer que les adversaires visés soient encore debout ; la date de l’opuscule paraît donc postérieure au Ve siècle et peut-être est-elle beaucoup plus récente. Quant aux sources utilisées, on peut en tout cas reconnaître Justin (Cohort. ad Gentil.), c’est-à-dire indirectement les Placita du Ps.-Plutarque ; mais il y a des traces d’emprunts à quelque autre manuel doxographique et quelques-uns de ces emprunts ne sont pas sans intérêt.