Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une éclipse lunaire, exactement à une demi-lunaison de distance, si du moins, au moment correspondant, la lune est au-dessus de l’horizon. Les deux phénomènes apparaissent donc comme liés entre eux et l’on aperçoit déjà qu’il suffit que l’un d’eux puisse être prévu, pour que l’autre le soit également, au moins en tant que possible. Pour ces constatations, il suffisait, au reste, de donner à la lunaison la valeur approximative de vingt-neuf jours et demi, c’est-à-dire d’avoir établi le calendrier lunaire.

Si maintenant on rapporte aux étoiles voisines la position de la lune au moment de l’une de ses éclipses, on peut reconnaître que le phénomène n’a jamais lieu que dans une bande circulaire très étroite (d’un demi-degré). Une fois cette bande délimitée, on constate, d’autre part, que l’éclipse a toujours lieu, lorsque la lune traverse au moment précis de la pleine lune.

La régularité périodique des mouvements astronomiques étant supposée admise, il suffit, dès lors, pour pouvoir prédire les éclipses de lune, d’observer au bout de combien de temps le phénomène se reproduit exactement au même point du ciel ; il est clair qu’on aura ainsi obtenu une période aux mêmes dates de laquelle reviendront régulièrement les éclipses avec la même grandeur et la même durée.

C’est sans doute par une marche analogue que les Chaldéens sont arrivés à connaître la période de 223 lunaisons dont l’exactitude est très satisfaisante et qui peut servir pour les éclipses de soleil aussi bien que pour celles de lune[1].

J’ai supposé toutefois des observations faites sans aucun matériel ; avec des moyens très simples, il était facile d’aller un peu plus loin, mais ces moyens étaient à peine nécessaires pour identifier avec la route du soleil cette zone des éclipses dont nous avons parlé. Il suffisait en effet de constater qu’au moment des éclipses de soleil, cet astre s’y trouve également et que, d’autre part, tandis que la lune change continuellement sa route de chaque mois dans le ciel, le soleil parcourt annuellement toujours les mêmes signes.

En somme, les éclipses de soleil et de lune ont lieu lors de la rencontre de l’un de ces astres, à la nouvelle lune pour le premier,

  1. D’après le témoignage de Suidas, on donne à cette période le nom de saros chaldéen, quoique le mot sare ait un sens tout différent pour les assyriologues ; il vaudrait mieux, avec Geminus, la tripler et l’appeler alors exéligme.