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OU RECUEIL D’ÉTUDES

comme immoral, etc. C’est tout de même, chose assez singulière que l’autorité épiscopale soit jusqu’ici restée muette sur ce sujet. La Vérité doit s’effrayer à propos de rien ; car si, comme elle le dit, les feuilletons de la feuille New-Yorkaise étaient très souvent immondes, ses faits-divers et ses reproductions presque toujours sujets à caution, les évêques, qui doivent savoir que le Courrier circule au Canada par milliers d’exemplaires, n’eussent certainement pas manqué d’élever la voix. Du moins nous aimons à le croire.


Si le rédacteur du Monde comprenait le rôle de la presse catholique il n’aurait pas écrit cet entrefilet.

Notre confrère veut donner à entendre que nous cherchons à régenter les évêques, à leur dicter la ligne de conduite qu’ils doivent suivre. Pourtant, rien n’est plus loin de notre pensée, et rien, dans nos écrits, ne justifie la malveillante insinuation que renferme l’article du Monde. Dieu merci, nous nous sommes jamais rendu coupable de la faute insupportable de faire la leçon à l’épiscopat ; nous avons nos défauts, mais non pas celui-là.

Nous connaissons les droits et les devoirs de la presse catholique ; nous savons où commence et où finit son rôle.

Le rôle de la presse catholique consiste à proclamer les principes catholiques, à combattre le mal jour par jour, à opposer aux écrits funestes de la mauvaise presse, des réponses, des réfutations ; il consiste encore à éclairer l’opinion, à la former, à signaler les dangers. Lorsqu’il s’agit de l’application des principes, lorsqu’il s’agit de trouver le remède aux maux, le rôle du journaliste catholique cesse et il doit se conformer, comme les autres fidèles, aux prescriptions de l’Ordinaire.

Voilà ce que nous avons appris de Pie IX et de Léon XIII, voilà ce que nous essayons de mettre en pratique.

Dans le cas actuel, il s’agit de flétrir un mauvais journal qui, au dire du Monde, « circule par milliers au Canada » ; nous dénonçons cette feuille avec toute l’énergie dont nous sommes capable, et, en le faisant, nous ne sortons pas de notre rôle.

Le Monde doit savoir, comme nous, que NN. SS. les évêques n’ont pas le temps de lire les feuilletons et les