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MÉLANGES

avoir suffisamment démontré l’inopportunité du bill de l’Assemblée législative et la sagesse dont le Conseil a fait preuve en rejetant ce projet de loi si intempestif.[1]



POLITIQUE ET POLITIQUE


14 juillet 1880.


Il y a politique et politique comme il y a fagot et fagot. Il y a la politique des politiqueurs, et la politique de ceux qui ne sont pas politiqueurs. Nous ferons de cette dernière politique, exclusivement. Nous ne voulons pas de l’autre.

Habitants de la province de Québec, n’est-ce pas que la politique qu’on fait ordinairement dans notre pays est bien nuisible à vos intérêts ? À quoi se réduit cette prétendue politique dont nous entendons si souvent parler ? À bien peu de chose, en vérité ; ou, du moins, à bien peu de chose digne de l’admiration d’un honnête homme.

Pour certaines gens, la politique, c’est la distribution du patronage, des places, des emplois publics. À leurs yeux, l’homme d’état n’est tenu qu’à bien connaître les besoins de son parti dans le comté ou le district qu’il représente ; sa science doit se borner à posséder les noms et les états de service de ceux qui ont travaillé avec le plus d’ardeur aux élections ; son honnêteté consiste à récompenser les amis et à « créer des misères » aux adversaires, à placer un tel ou un tel, à donner une entreprise à Jean, à enlever un contrat à Pierre, à faire transporter le bureau de poste à dix arpents de la maison du chef du parti opposé. Le plus grand crime que ces braves gens puissent reprocher à

  1. À la session suivante, le conseil votait ce projet de loi, malgré l’opposition de l’honorable M. de Boucherville et de quelques autres conservateurs.