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OU RECUEIL D’ÉTUDES

ence bienfaisante du Saint-Siège et à combattre les droits de la sainte Église dans l’enseignement, le Saint-Père ajoute, en développant ce dernier point :

« Sans aucun égard pour ce pouvoir d’enseigner qui réside dans le Pontife Romain, ils (les ennemis de l’Église) écartent Notre autorité de l’instruction même de la jeunesse ; et, s’il nous est permis — ce qui n’est interdit à aucun particulier — d’ouvrir à nos frais des écoles pour l’instruction des enfants, la violence et la rigueur des lois civiles font invasion jusque dans ces écoles. Nous sommes d’autant plus vivement ému d’un si funeste spectacle que Nous n’avons pas les moyens suffisants de subvenir, autant que Nous le souhaiterions, à tant de maux. En effet, nous sommes vraiment plus sous le pouvoir de Nos ennemis que Nous ne Nous appartenons à Nous-même : et l’usage même de cette liberté qu’on Nous accorde n’a pas un fondement certain de durée et de stabilité, puisque le bon plaisir d’un autre peut Nous l’enlever ou l’amoindrir.

« Cependant, il est manifeste, d’après une expérience quotidienne, que la contagion du mal gagne de plus en plus dans le reste du corps de l’État chrétien et s’étend à un grand nombre d’hommes. Car les peuples séparés de l’Église tombent chaque jour dans des calamités plus grandes ; et du moment que la foi catholique est éteinte ou affaiblie, la porte est ouverte au dévergondage des idées et à la curiosité malsaine des nouveautés. Lorsqu’on a méprisé le très grand et très noble pouvoir de celui qui tient la place de Dieu sur la terre, il est évident qu’il ne reste dans l’autorité des hommes aucun frein assez fort pour retenir les esprits indomptés des rebelles ou pour réprimer, dans la multitude, l’ardeur d’une liberté en démence. Aussi la société civile, bien qu’elle ait déjà subi de grandes calamités, est-elle épouvantée par la perspective de périls plus grands encore.

« C’est pourquoi il est nécessaire que l’Église, pour repousser les efforts de ses ennemis et accomplir sa charge au profit de tous, travaille à combattre beaucoup. Mais dans ce combat violent et varié, où il s’agit de la gloire divine et où l’on se bat pour le salut éternel des âmes, toute la valeur et toute l’habileté de l’homme seraient vaines si l’on n’était aidé par les secours célestes appropriés aux temps. »


II


Au sujet des écoles destinées aux enfants du peuple chrétien, le Saint Père affirme solennellement que