Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/234

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liberté. Je la plaçai chez une concierge d’un hôtel particulier de notre avenue, où il y avait un jardin et des écuries.

Je pensais que, là, elle serait bien, quand dix jours après ce brave homme vint me dire que, sur l’avis du vétérinaire, on avait dû abattre la pauvre bête. Cette nouvelle me peina beaucoup ; tous ceux qui l’avaient connue si intelligente, si gentille, n’en revenaient pas. Je n’en parlai pas à mon maître ; il était bien inutile de l’attrister en lui racontant la fin tragique de cette pauvre petite bête qu’il avait tant caressée…


Nous sommes aux derniers jours de mars ; mon maître a arrêté un appartement rue Boccador, mais nous ne déménagerons que le 30 avril. Monsieur est mieux, mais pas assez bien, me dit-il, pour entreprendre les derniers chapitres de Notre Cœur. Le bruit de la boulangerie l’empêche toujours de dormir la nuit, ce dont il souffre beaucoup. Comme il a quelques jours devant lui, qu’il ne peut utiliser à Paris, il se décide à aller en Angleterre, chez son ami, le baron de R…, qui ne cesse de réclamer la visite qu’il lui doit depuis son séjour à Étretat.


En revenant d’Angleterre, à peine entré dans l’appartement, Monsieur me demande si son bain est prêt, et me dit : « Je m’y mets tout de suite, car vous ne pouvez croire comme je suis las, courbaturé de la tête aux pieds. Je ne me sens plus ; ces diables d’Anglais, cette soi-disant société distinguée m’ont mis dans cet état incroyable, tellement ils sont ennuyeux et agaçants de fatuité et de non-sens ! Vraiment, quels gens insupportables ! Aussi ai-je abrégé mon séjour. Je ne suis resté là-