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CHAPITRE V

Octobre 1886-MAI 1887


Au chalet des Alpes. — Le cadre d’un nouveau roman. — Promenades pittoresques. — René Maizeroy et Aurélien Scholl. — Visites princières et mondaines. — Un tremblement de terre. — La maison menace ruine. — Piroli est heureuse de retourner à Paris. — Style naturaliste d’une marquise.


Antibes, Chalet des Alpes. 2 octobre. — Mon maître marche de long en large dans son cabinet de travail, situé au deuxième étage ; je devrais plutôt dire qu’il va d’une fenêtre à l’autre, car cette pièce formant demi-cercle est trouée de cinq ouvertures. Quelle que soit celle où l’on regarde, on a l’immensité devant soi, à perte de vue. Du côté Nord, ce sont d’abord, semés partout, les faîtes des petites montagnes couvertes de sapins et, adossés à leurs flancs, l’on aperçoit des groupes de maisons formant des villages. Toutes sont peintes en rose et blanc, l’effet en est pittoresque et ravissant.

Puis la chaîne des Alpes se déroule jusqu’à la frontière, on entrevoit l’Italie, Nice, la promenade des Anglais et le superbe golfe des Anges dans toute son étendue ; bordant le golfe, une ligne noire : c’est la voie ferrée. Plus près, un fort dans la mer en forme d’étoile, Antibes, avec deux tours carrées et ses remparts à la Vauban, les glacis le champ de manœuvres tout gris, près duquel se détache un quadrilatère vert foncé.