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LE TENTATEUR.


« Le Christ, dit le saint livre, à cette page ouvert,
» Le Christ quarante jours jeûna dans le désert. »
Oh ! qu’il peut aisément s’abstenir et se taire !
Sa peine est limitée, et surtout volontaire.
S’il subit la douleur, l’isolement, la faim,
Ses maux ont pour le monde une sublime fin !
Il le sait ! transporté sur le faîte du temple,
Si les biens, les grandeurs, les trésors qu’il contemple
N’éveillent dans son cœur nuls vœux ambitieux,
S’il méprise la terre, il a connu les cieux !
Mais nous, faibles enfans de doute et de ténèbres,
Nous, qui pour nous guider dans ces ombres funèbres
N’avons qu’une incertaine et grossière clarté,
Un flambeau, par les vents à toute heure agité,
Sans le but qui soutient, sans l’espoir qui soulage,
Pouvons-nous par moment ne point perdre courage ?
Le corps souvent résiste où l’esprit obéit,
Hélas ! qui ne le sait ? mais quand tout nous trahit,