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ÉDITH


Les bois !… Que solennels sont les bois sans limite,
Les grands bois d’Occident que la terreur habile,
Le soir, quand plus bruyans roulent les flots lointains,
Que plus profondément frémissent les vieux pins,
Que sur les airs calmés les ténèbres s’amassent,
Que le mystère règne et que les bruits s’effacent ;
Alors qu’au cœur de l’homme un silence imposant
Dit que la solitude est un fardeau pesant !
À cette heure, pourtant, ces déserts de verdure
Enferment une jeune et frêle créature,
Et sur ses traits, malgré leur mortelle pâleur,
On ne lit point d’effroi ; non, mais quelle douleur !
Tandis que du couchant les rougeurs s’obscurcissent,
Que de l’ombre des nuits les cèdres se noircissent,
Elle est là ; seule ! seule ! encor que dans ces lieux
Sa peine ait des témoins, mais sourds, silencieux,
Hélas ! et loin des maux où l’âme est asservie,
Loin, de tout le trajet de la mort à la vie !