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ÉDITH.

Pour ne pas, en poisons, changer tous ses trésors,
Veut, comme le soleil, se répandre au dehors ;
Esclave elle détruit, mais libre elle féconde,
Et l’âme à sa chaleur fleurit comme le monde.
Pour payer cet amour, qui veille à ses besoins,
Quel tendre dévoûment, quels respects, que de soins
Édith prodigue à ceux qui l’avaient adoptée !
Mais son cœur a suivi celui qui l’a quittée,
Et, prête à le rejoindre, on dirait qu’à ces lieux
Son souris patient fait de secrets adieux.
Elle y veut cependant laisser d’elle une trace ;
Mais elle se hâtait : pour y marquer sa place,
Son cœur l’avertissait qu’elle avait peu d’instans ,
Et murmurait tout bas : il est temps ! il est temps !

Et sa parole alors qui sait, simple et puissante,
Féconder sans efforts l’émotion naissante ;
Et la triste douceur de tant d’hymnes pieux
Chantés le soir, aux bois noirs et silencieux ;
Et ses regards fervents, dont l’ardente éloquence
Garde encor d’un enfant la pieuse innocence ;
Et de sa vie enfin la tranquille beauté,
Ont vaincu pour le ciel et pour l’éternité.
Non, ce zèle pieux, non, ces célestes flammes,
N’ont point un vain pouvoir pour enchaîner les âmes !
Au cœur de ses amis, Édith vit à son gré
La lumière d’en haut pénétrer par degré :
Telle, des chauds étés la brise vagabonde,
Fend l’épaisseur des bois, et dans l’ombre profonde,
Fraye un mouvant passage aux rayons du soleil :