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ÉDITH.

À ce souffle si doux, son souffle était pareil.
La divine semence en ses mains fructifie ;
Sa foi, que la douleur élève et purifie,
Jusqu’au pied de la croix, par de secrets liens,
Amène pas à pas ses hôtes indiens,
Et tous trois s’unissaient dans la même prière.
Sur le lac bleu, quand l’aube étendait sa lumière,
Quand le soleil couchant, embrâsant les forêts,
Teignait de bronze et d’or les rameaux des cyprès,
Quand, au désert, privé de tout signal sonore,
Se levait le saint jour, tous trois priaient encore !
L’œuvre accomplie, en paix Édith pouvait partir ;
Elle partait ! En vain voudraient la retenir
Les bois qu’elle embellit ; cette fleur d’Angleterre
Dépérit lentement sous une ombre étrangère ;
Ses yeux brillent pourtant d’un éclat étoilé ;
Un plus vif incarnat sur sa joue a brûlé ;
Mais, sinistre reflet du feu sourd qui la mine,
Cette rose fatale a la mort pour racine !
De nouveau cependant, à ces sauvages lieux,
L’automne en soupirant avait fait ses adieux ;
Sous ses pas vagabonds, l’érable solitaire,
De ses feuilles de pourpre avait jonché la terre,
Et, défiant l’orgueil de leur front ébranlé,
De nouveau dans les pins l’hiver avait soufflé.
Et maintenant, voilà qu’une tendre verdure,
Frangeait leurs noirs rameaux ; la féconde nature
Ramenait le printemps, le printemps radieux !
Mais Édith à grands pas voyageait vers les cieux :
Hélas ! la mort, dit-on, nous semble plus amère