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LA MANSARDE.

Mais la voilà qui se prépare :
Elle ajuste, selon ses vœux,
Les plis du fichu qui la pare,
Et sous ses doigts, lustre et sépare
Les noirs bandeaux de ses cheveux.
Bientôt on dirait qu’elle écoute
Avec un timide embarras,
Ce que dit le miroir sans doute,
Et sa bouche y répond tout bas.
Mais tout-à-coup la scène change ;
Au gré d’un mobile cerveau,
Sous ses mains actives s’arrange
Le thème d’un drame nouveau.
Un lambeau de gaze fanée,
Quelques festons de papier blanc,
Singent, sur sa tête inclinée,
Le voile et l’oranger tremblant ;
Fuis, agenouillée elle prie
Avec un maintien solennel :
Plus de doute, elle se marie,
Et le miroir tient lieu d’autel.
Un moment… le jeu dure encore :
De danse une noce a besoin ;
Au bal le roman doit se clore :
Pourvu qu’il n’aille pas plus loin !

Si jeune, et déjà si coquette,
Rêver, lorsque tout le défend,
Amour, mariage, toilette,
Dans la mansarde ?… Pauvre enfant !…