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LA MANSARDE.

Flétrissent de leur teinte sombre
Et le présent et l’avenir !
Jours où la pensée inquiète
Tremble d’interroger le sort,
Où, selon les mots du prophète,
L’âme est triste jusqu’à la mort !
Aujourd’hui qui donc se hasarde
À porter les yeux devant soi ?
Peut-être, jeune enfant, c’est toi,
Toi que je vois dans la mansarde
Qui s’ouvre là-bas devant moi ?
Elle est là, riante et proprette ;
Pourtant, du matin jusqu’au soir,
Elle est seule dans sa chambrette ;
Seule ? non, elle a son miroir ;
Son œil malicieux et noir
S’y porte et reporte sans cesse,
Rit, minaude, boude ou caresse ;
Et pourtant que peut-elle y voir ?
Ses treize ans, au corps mince et frêle,
Aux longs bras chétifs, au col grêle ;
Âge sans charme et sans secrets,
Entr’acte vide et sans attraits,
Entre l’enfance et la jeunesse !
Court sommeil du temps qui nous presse,
Moment d’attente ou de regrets,
Qui, semblable à l’heure incertaine,
Où flottent le jour et la nuit,
Fait rêver la grâce lointaine,
De l’âge qui naît ou qui fuit !