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DANTE.

M’esjouir à revoir les étoiles des cieux.
Sans me décourager, je veux du Purgatoire
Remonter après toi la route expiatoire ;
Revoir ton Casella, doux ami, dont les airs
Mariaient leur douceur aux douceurs de tes vers,
Et chanter avec lui, d’une voix lente et pure :
« Amour, qui doucement dans mon esprit murmure ; »
Puis, lorsque Sordello, dont les vers mécontens
Flagellaient sans pitié les princes de son temps,
Embrasse ton Virgile au nom de sa Mantoue,
Joignant le cœur au cœur, et la joue à la joue,
Au pays dépouillé de cette noble foi
Apprendre, s’il se peut, à redire après toi :
« Ah ! terre esclave ! Race à tout mal asservie,
» Reine des nations jadis, et leur envie,
» Nef sans guide aujourd’hui sur les flots en fureur,
» Réceptacle de vice, asile de douleur,
» À ta confusion, vois cette âme loyale,
» Si prompte, au seul doux nom de la terre natale,
» À se jeter aux bras de son concitoyen !
» Quand tes vivans, à toi, méprisant tout lien,
» Enfans du même sol, nés aux mêmes murailles,
» L’un sur l’autre acharnés se rongent les entrailles.
» Regarde, misérable, et tiens tes yeux ouverts !
» Depuis les bords chargés du limon de tes mers,
» Est-il une province, une ville, une place,
» Un point qui soit en paix sur toute ta surface ?
» Qu’importe qu’à grands frais ton sénat, bien ou mal,
» À ta bouche rétive ajuste un frein légal,
» Si la bride est flottante, et si la selle est vide ;