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PEAU-D’ÂNE.

Mettaient le comble à cet éclat suprême,
D’un œil mortel à peine supporté.
Pourtant un jeune et radieux visage
Bravait l’écueil d’un pareil voisinage,
Qui ne pouvait éclipser sa beauté.

Les bras croisés, debout, la tête droite,
Elle était là sous les feux du soleil,
Qui l’inondaient par la lucarne étroite,
Comme un jeune aigle à son premier réveil ;
Elle chantait, dans sa langue divine,
Que l’on comprend moins qu’on ne la devine,
Un air étrange et sublime à la fois.
Du prince encor les oreilles frivoles
N’avaient ouï cet air ni ces paroles :
Aussi fut-il enchanté… de la voix.

« Dès qu’au loin, d’un coursier hors d’haleine
» Le galop sourdement bat la plaine,
» Si la foule, où fermente l’ennui,
» Tient l’oreille à l’arène collée,
» Et demande, en tumulte assemblée :
 » Est-ce lui ?…

» Si le vent du midi rompt ses chaînes,
» Et des bois fait plier les hauts chênes,
» Comme aux champs les buissons de jasmins ;
» S’il mugit sous l’ombreuse clairière,
» S’il balaie, en sifflant, la poussière
 » Des chemins !…