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À BÉRANGER EN PRISON.


Sur nos faubourgs l’aube venait de luire ;
Son gai rayon sur ta couche brillait,
Et dans ton cœur une voix semblait dire :
« C’est aujourd’hui le quatorze juillet ;
» Ce beau soleil vit tomber la Bastille,
» De ce grand jour que le retour est doux ! »
Ce beau soleil luit derrière une grille,
Et ce grand jour te voit sous les verrous !

L’ouvrier passe ; et toi, prêtant l’oreille
À son refrain qui t’arrive d’en bas,
Tu reconnais qu’il a dans sa bouteille
Cherché l’oubli du bonheur qu’il n’a pas.
La poésie est de même une ivresse ;
À ses accords nos maux s’envolent tous ;
Mais la voix meurt sous un poids qui l’oppresse
Quand ce grand jour te voit sous les verrous.