Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
LE CABINET

Que le chêne revêt de ses panneaux noircis.
Dans un vaste fauteuil Robert Estienne assis,
Restitue à la phrase une lettre échappée ;
Près de lui, comme lui, sa femme est occupée ;
Et, la plume à la main, sur le texte fautif,
Promène lentement un regard attentif.
Prêtant sa clarté pâle à leur veille assidue,
Une lampe de cuivre, auprès d’eux suspendue,
Jette un reflet douteux aux poutres du plafond ;
Tous deux gardent long-temps un silence profond ;
Mais, pour ne point paraître infidèle à son rôle,
La femme, la première, a repris la parole,
Et, remettant gaiement l’épreuve à son époux,
Tenez, dit-elle enfin, et félicitez-vous.

estienne.
De quoi donc ?…
la femme d’estienne.
De quoi doncD’avoir pris femme qui sache écrire.
estienne.
Pourquoi ? pour me donner une feuille à relire ?
la femme d’estienne.
Je vous jure pourtant que j’ai fait de mon mieux.
estienne.
Bon ! je gage trouver, en y jetant les yeux,

Quelques points mis à faux, d’autres omis !

la femme d’estienne.
Quelques points mis à faux, d’autres omisPeut-être.