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DE ROBERT ESTIENNE.
la femme d’estienne.
Beau sujet ! entre ceux de tout temps assignés

Aux distiques latins proprement alignés.

estienne.
Le français, cette fois, est la langue choisie.
la femme d’estienne.
Le français, dites-vous ? Ah ! pauvre poésie !

Quelle funeste main t’apprête ces tourmens !
Que vas-tu faire ici de tous tes ornemens ?
Sous le matériel de votre Imprimerie,
Vont expirer la fable avec l’allégorie.
Du Parnasse français les tristes nourrissons
Oseront-ils parler de cadrats, de poinçons ?
Quelle tâche pour eux !… Et vous, chastes déesses,
Qui bientôt gémirez à l’unisson des presses,
Faudra-t-il abaisser votre langage altier
À chanter des héros en casques de papier ?

estienne.
Vous plaisantez ? Ceci n’est point matière à rire ;

Nos poètes auront, je pense, mieux à dire ;
Et la Typographie est un texte assez beau.
Des sciences, des arts n’est-ce point le flambeau ?
C’est par elle aujourd’hui que la pensée humaine
D’une marche plus sûre agrandit son domaine.
Sur chacun des chemins qu’elle vient à s’ouvrir,
Laissant des vérités qui ne peuvent mourir,
De proche en proche on voit la lumière s’étendre…