Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/190

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au ciel, des yeux de feu naissaient au naseau des chevaux, de longues ailes noires semblaient croître au dos des moines. Des gens parlaient, des chevaux s’ébrouaient ou mâchaient, des enfants criaient ; par la porte cochère, il entrait un nouveau flot de gens et de télègues attardés.

Au-dessus du toit de l’hôtellerie, des pins entassés à l’envi l’un de l’autre sur la hauteur abrupte se penchaient vers la cour, regardant comme dans une fosse profonde, et semblaient écouter, étonnés. Dans leurs masses noires, les coucous et les rossignols criaient à tue-tête.

À voir, à entendre tout ce désordre et tout ce bruit, il semblait que personne ne pût se comprendre, que tout le monde cherchât quelque chose sans trouver, et que jamais cette confusion de télègues, de kibitkas et de gens n’arriverait à se débrouiller.

Pour les fêtes de Jean le Théologien et de Nicolas le Thaumaturge, il accourt à Sviatogorsk plus de dix mille pèlerins. Non seulement l’hôtellerie, mais encore la boulangerie, la lingerie, l’atelier de menuiserie, les remises, tout regorgeait de monde. Attendant qu’on leur donnât un petit coin pour dormir, les gens qui survenaient se tassaient, comme des mouches en automne, auprès des murs, autour des puits et dans les corridors étroits de l’hôtellerie. Les convers novices, jeunes et vieux,