Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/130

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digne de prétendre aux élévations de l’esprit : il daigne estimer les œuvres d’aulrui : il ne s’attribue pas, comme un monopole, le droit de cultiver les beaux-arts.

Voltaire, qui eût pu se permettre la fantaisie — et il eût été bien excusable — de se moquer d’un drame chinois, dans un temps où la scène française représentait des chefs-d’œuvre, ne s’est pas trouvé du même avis que les spirituels du XIXe siècle. Il ne nous a appelés ni magots ni poussahs ; il nous a traités en homme d’esprit. Il a même poussé la courtoisie jusqu’à nous emprunter le sujet et les scènes de l’Orphelin de la Chine, un fait qui n’est pas sans importance dans l’histoire des lettres. Et cependant, lorsque je relis cette traduction si incomplète du P. Prémare, et que je retrouve une œuvre mutilée (car le traducteur a omis tous les vers du texte original et c’est en vain qu’on y chercherait les passages les plus pathétiques et les plus élevés), je me demande quelle eût été l’opinion de Voltaire sur le mérite de notre littérature, s’il lui avait été