Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/132

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éloquence, raison, passion, tout lui manque ; et cependant, comme je l'ai déjà dit, l'ouvrage est supérieur à tout ce que nous faisions alors. »

Ni éloquence, ni raison, ni passion ! voilà les trois caractères qui manquaient, en effet, à la traduction du P. Prémare. Et ce n'est pas moi qui affirme ce fait, — je sais bien que mon éloge porterait à faux : — c'est un traducteur plus fidèle cette fois et plus savant aussi, Stanislas Julien, qui a restitué au texte, en le traduisant littéralement et en entier, son éloquence, sa raison, et sa passion : mais Voltaire n'était plus de ce monde !

Voltaire fut un ami des Chinois ; il s'est fait d'avance leur apologiste, et il a vanté l'excellence de leurs arts. « Sous la dynastie des Youên, a-t-il dit, et sous celle des Ming, les arts qui appartiennent à l'esprit et à l'imagination furent plus cultivés que jamais. » Je sais bien qu'il y avait quelques jésuites sous sa plume et que le plaisir de leur être désagréable a pu le mettre en bonne humeur. Je suis assez sceptique à l'égard des