Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/143

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l’action. Cette voix qui s’élève, tout à coup, harmonieuse et rythmée, et qui se détache du dialogue, suspendant l’action pour solliciter l’esprit du spectateur, et lui faire apprécier sous une forme idéale des conceptions qui le frapperont et accroîtront l’intérêt, semble être le génie même du poète parlant au spectateur et lui révélant toutes ses impressions.

Des exemples feront peut-être mieux comprendre l’importance de ce rôle.

Voici une scène tirée d’un drame qui a pour titre la Tunique confrontée.

Un mendiant, mourant de froid et de faim, est recueilli par un homme charitable qui lui offre sous son toit un abri et une protection contre la misère. Il le réchauffe, le réconforte, et ranime ses forces épuisées. Puis il apprend de lui l’histoire de ses malheurs. Ému de pitié, il s’adresse à son propre fils témoin de cette scène, et lui dit :

— Regardez cet infortuné, la roue du bonheur n’a pas encore tourné pour lui.

Et, chantant, il ajoute :