Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/186

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style : il existe dans la beauté des sentiments exprimés. Les situations imaginées sur la scène sont d’une vérité si saisissante, les passions si humaines, l’action est si simple en même temps, qu’il semble, que ce soient nos sentiments, nos joies, nos douleurs, nos misères, nos pensées qui sont réellement représentées sur la scène.

Ce n’est pas que je prétende que le Pi-Pa-Ki soit une œuvre parfaite : la perfection est un mérite qui n’appartient à personne ; mais il possède cette supériorité qui est le caractère des chefs-d’œuvre, à savoir : d’être capable de toucher et d’émouvoir quiconque a un cœur dans la poitrine. Il ne pourrait pas venir à l’esprit du plus illettré des hommes que la représentation des chefs-d’œuvre de l’Occident déplairait à un public composé de Chinois : qu’on essaye de jouer l’Avare à Canton ou à Pékin : la pièce passera avec des applaudissements et des rappels, et Molière sera proclamé Thsaï-Tseu (génie). C’est évident. L’auteur du Pi-Pa-Ki pourrait revendiquer la même gloire, du moins c’est mon opinion,