Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/238

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LE FINANCIER.

Vous ne comprenez pas. C’est de l’argent que l’on coupe et que l’on pèse pour acheter, selon le besoin, ou des vivres ou des habits. Emportez-le, je vous le donne. Avec cet argent, vous pourrez dans la journée exercer un petit commerce, vendre de petites marchandises ; et, quand la nuit viendra, vous dormirez d’un sommeil profond.

LE MEUNIER.

Quel bonheur de faire un long somme ! Quel contentement pour Lo-Ho ! Père, vous avez l’âme généreuse.

LE FINANCIER.

Vous avez bluté pour moi pendant trois ans ; vous méritez une récompense.

LE MEUNIER, seul.

Retournons à la maison. Le bon maître ! Il m’a donné de l’argent. De l’argent ! Mais est-ce bien de l’argent ? (il s’arrête et regarde son argent.) Qui est-ce qui a VU de l’argent ? (il se remet en marche.) Oh ! oui, c’est de l’argent ; je réponds que c’est de l’argent. Tout en parlant, me voici arrivé, (il entre dans sa chambre.) Lo-Ho, mon ami, il faut de la prudence ; la prudence est une vertu. Fermons la porte au verrou et regardons encore notre argent. — Oh ! c’est bien de l’argent. A propos, il s’agit d’une place maintenant ; où trouverai-je une bonne place ? Où ? dans mon lit !... Il n’y a pas moyen. Ah ! dans ma ceinture ! (Il met l’argent dans sa ceinture.) Elle est trop lâche ; serrons-la davantage, par précaution. Qui pourra savoir qu’il y a de l’argent dans ma ceinture ?