Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes fantômes. Ils se sont dissipés : ainsi les brumes, le matin, dans un ciel d’Orient. On en aime les arabesques étranges, ombres projetées d’un monde idéal ; puis la vision s’évanouit, le soleil ardent a mis en déroute toutes ces armées de nébuleuses et de rêves.

Il est certain que, au point de vue psychologique, mon cas est assez extraordinaire.

J’ai entendu une fois un très charmant esprit envier mon sort, mais avec un enthousiasme émouvant ! Savez-vous pourquoi ? parce que je n’avais pas lu Balzac : « Que vous êtes heureux, me disait-il, vous allez lire Balzac pour la première fois ! » Et c’était vrai, ce qu’on me disait là. Quelles sont donc les joies de la vie comparables à celles-là ? Je me rappelle avoir lu un fragment de Bernardin de Saint-Pierre, où l’auteur de Paul et Virginie décrit, avec le ton d’un homme heureux, qu’il a vu moissonner deux fois dans le cours de la même année, au Cap et à son retour en France. Voilà un impressionniste