Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/24

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Lorsque j’ai su la langue française, j’ai voulu tout lire avant d’aller voir. Ayant une confusion de toute chose et n’ayant pas fait grande attention aux dates, je m’imaginais rencontrer et Montaigne et Pascal, et Molière et Corneille.

Je croyais, poursuivant mon espérance, arriver à temps et entendre Mirabeau !

J’avais l’illusion d’un lettré français qui viendrait à apprendre qu’il n’a qu’à s’embarquer pour aller applaudir Démosthène à la tribune, ou assister à la première de Philoctète, de monsieur Sophocle, de l’Académie hellénique. Se représente-t-on un savant de l’Institut recevant une lettre affranchie d’Euclide demandant des nouvelles de son postulatum ? Et Rome ! Quel ravissement d’aller ruraliser avec le bon Horace, ou de venir consoler Ovide dans son exil, pour lui reprocher son solus eris ! J’ai eu toutes ces imaginations, et, pareil au fou d’Athènes qui suppliait qu’on lui rendît sa démence, j’aimais