Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/258

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manière, provincialement, comme il en est d’autres qui ont des goûts d’artiste : il y a partout des femmes malheureuses.

L’Européenne que les grâces de la jeunesse parent encore de séductions ambitieuses murmure tout bas à l’oreille distraite de son mari son éternelle inquiétude : « Tu n’aimeras que moi ? » et le mari répond oui, quand le plus souvent il pourrait déjà dire non. La Chinoise est hantée par le même souci ; et il est d’autant plus grand qu’elle sait qu’il est dans la coutume. Elle aussi, dans ses premiers épanchements, supplie son mari de ne jamais admettre en sa présence la concubine légale ; mais elle n’est pas exposée à être trompée, et il dépend le plus souvent d’elle de maintenir le cœur de son mari. Lorsqu’il lui faut accepter sa rivale, elle sait que son amour a sombré ; mais il n’y a de scandale que dans le cœur, qui se souvient des premières étreintes et des premiers serments — toujours éternels en Orient comme en Occident.

Le théâtre chinois a placé sur la scène ces