Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/48

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son aise, et les émotions lui arriveront toutes faites, il n’aura qu’à pleurer lui-même. S’il veut applaudir, on lui désignera les bons endroits, et, pour faire paraître qu’il a du goût, et du meilleur, il n’aura qu’à suivre l’exemple, comme les claqueurs de Panurge. Il verra des montagnes et des précipices sur la scène sans que son imagination ait besoin de se mettre à la torture ; on livrera des batailles sous ses yeux et, pour le lui bien prouver, on lui fera entendre la fusillade et les décharges d’artillerie. Les acteurs pleureront de vraies larmes pour l’attendrir, diront les choses les plus comiques sans rire pour le faire rire ; on inventera les stratagèmes les plus ingénieux ; le vraisemblable deviendra vrai, le merveilleux réalisable ; on fera de l’idéal la chose la moins idéale possible, et, s’il n’est pas satisfait, on lui ouvrira la petite porte réservée qui donne sur les coulisses. Baissez le rideau : Lucullus dîne chez Lucullus !

Je montrerai, dans la suite de cette étude, en quoi consiste l’art dramatique du théâtre chinois.