Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/88

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spectacle de la joie, ou de l’émouvoir par le spectacle de la tristesse. Quant à ceux qui ont voulu perfectionner l’éducation des hommes au moyen de préceptes et d’exemples, sur dix mille on n’en trouverait pas un. »

« Voilà, mon cher docteur, la vérité, celle qui se dégage du sens des mots et de la vraie connaissance de l’âme. En voulez-vous encore une autre preuve ? Mais elle apparaît dans la destinée de ces grands hommes qui ont voulu le vrai bien de l’humanité. Tous nos Thsaï-Tseu ont été malheureux : Khio-Youen se noya dans la rivière Milo ; Ssé-Ma-Thsien subit un châtiment cruel ; Tou-Fou, surnommé le dieu de la poésie, forcé de chercher un refuge dans un temple, y mourut de faim. Oui, ces grands écrivains furent malheureux, si toutefois l’on peut dire qu’un homme qui tombe dans la pauvreté, et qui garde son génie, puisse être réellement malheureux ! Croyez-vous donc que, s’ils eussent consenti à amuser la foule et les grands, ils n’eussent pas eu les faveurs et la fortune ? Leurs malheurs sont les