Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/282

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justice et la paix ; » par Jérémie : « Rendez la justice et l’équité ; » par Isaïe : « Protégez l’orphelin ; défendez la veuve. » Il accuse même la vigne de Sorech de n’avoir « produit, au lieu de justice, que les cris de l’opprimé. » Le même Dieu qui leur avait enseigné à se conduire d’après le précepte, exigeait donc qu’ils obéissent par un acte de liberté. Qui avait semé le précepte, en pressait les effets. Mais quelle absurdité à celui qui venait détruire le Dieu de la justice, de recommander dé juger avec justice ! Car les Marcionites, par ce juge « qui plonge dans le cachot et n’en laisse sortir qu’après le paiement de la dernière obole, » entendent le Créateur, dans le dessein de le décrier. Même attaque, même réponse. Toutes les fois que l’on nous oppose la sévérité du Créateur, autant de fois le Christ est l’envoyé de celui pour lequel il prêche la soumission par le motif de la crainte.

XXX. Interrogé de nouveau sur une guérison qu’il a opérée le jour du sabbat, quelle est sa réponse ? « Chacun de vous ne détache-t-il pas son bœuf et son âne de la crèche le jour du sabbat, pour le conduire à l’abreuvoir ? » En agissant selon les prescriptions finales de la loi, il confirma donc, au lieu de la détruire, une loi « qui défendait toute œuvre, si elle n’avait pour but la conservation de la vie ; » à combien plus forte raison de la vie humaine ? Partout on voit que je montre l’accord des paraboles. « Le royaume de Dieu est semblable à un grain « de sénevé qu’un homme prend et met dans son jardin. » Qui faut-il voir sous l’emblème de cet homme ? Le Christ conséquemment, parce que le messie de Marcion a beau s’appeler fils de l’homme, celui qui a reçu du père la semence du royaume céleste, c’est-à-dire la parole de l’Evangile, l’a semée aussi dans son jardin, c’est-à-dire dans le monde, dans l’homme d’aujourd’hui, par exemple. Il a semé dans son jardin ? dit-il. Ni le monde, ni l’homme n’étant sa propriété, mais celle du Créateur, il en résulte que celui qui a semé dans son domaine n’est pas le Créateur.