Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/423

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de la Croix ? Tout ce qui semble indigne de Dieu m’est profitable : je suis sauvé, si je ne rougis pas de mon Seigneur. « Celui qui rougira de moi, dit-il, je » rougirai également de lui. » Je ne trouve point ailleurs d’autres matières de confusion, qui prouvent mieux, en m’apprenant à mépriser la houle, que je suis saintement impudent et heureusement insensé. Le Fils de Dieu a été crucifié ; je n’en rougis point parce qu’il faut en rougir. Le Fils de Dieu est mort : il faut le croire, parce que cela révolte ma raison : il est ressuscité du tombeau où il avait été enseveli ; le fait est certain, parce qu’il est impossible.

Mais comment tout cela est-il vrai dans Jésus-Christ, si lui-même ne l’ut pas véritable ; s’il n’a pas eu véritablement dans sa personne de quoi être attaché à la croix, de quoi mourir, de quoi être enseveli, de quoi ressusciter ? c’est-à-dire, une chair animée par le sang, composée d’os, entrelacée de nerfs, sillonnée par des veines, une chair qui sût naître et mourir ? Elle sera humaine sans doute, puisqu’elle est née de l’homme, et conséquemment mortelle, puisque le Christ est homme et fils de l’homme. Ou bien, pourquoi le Christ serait-il homme et fils de l’homme, s’il n’a rien de l’homme et qui vienne do l’homme ? A moins de prétendre que l’homme soit autre chose que la chair, ou que tu chair de l’homme lui vienne d’ailleurs que de l’homme, ou que Marie soit autre chose qu’une créature humaine, ou que le dieu de Marcion ne soit plus qu’un homme. Autrement, plus de raison pour que le Christ soit appelé homme, s’il n’a point de chair ; ni fils de l’homme, s’il n’a pas une descendance humaine ; ni Dieu sans l’Esprit de Dieu ; ni fils de Dieu sans avoir Dieu pour père. Ainsi le fond de ces deux substances atteste le dieu et l’homme, l’un qui a pris naissance, l’autre qui n’est pas né ; l’un corporel, l’autre spirituel ; l’un infirme, l’autre tout-puissant ; l’un pouvant mourir, l’autre immortel ; substances distinctes qui montrent deux natures, la