Page:The American Mercury, vol. 34, n° 136 (extrait There is no communism in Russia), avril 1935.djvu/11

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Et les effets de ce décret sont encore plus drastiques et cruels contre toute personne jugée coupable. Certes, la prise d’otages n’est pas une nouveauté en Union soviétique. On la pratiquait déjà lorsque je suis revenue vivre pendant deux ans en URSS. Pierre Kropotkine et Vera Figner ont protesté en vain contre cette tache noire sur l’écusson de la révolution russe. Maintenant, au bout de dix-sept années de domination bolchevik, le pouvoir a jugé nécessaire d’édicter un nouveau décret. Non seulement, il renoue avec la pratique de la prise d’otages, mais il punit cruellement tout adulte appartenant à la famille du criminel — supposé ou réel. Voici comment le nouveau décret définit la trahison envers l’État : «tout acte commis par un citoyen de l’URSS et qui nuit aux forces armées de l’URSS, à l’indépendance ou à l’inviolabilité du territoire, tel que l’espionnage, la trahison de secrets militaires ou de secrets d’État, le passage à l’ennemi, la fuite ou le départ en avion vers un pays étranger».

Les traîtres ont bien sûr toujours été fusillés. Ce qui rend ce nouveau décret encore plus terrifiant c’est la cruelle punition qu’il exige pour tout individu vivant avec la malheureuse victime ou qui lui apporte de l’aide, que le «complice» soit au courant du délit ou en ignore l’existence. Il peut être emprisonné, exilé, ou même fusillé, perdre ses droits civiques, et être dépossédé de tout ce qu’il a. En d’autres termes, ce nouveau décret institutionnalise une prime pour tous les informateurs qui, afin de sauver leur propre peau, collaboreront avec la Guépéou pour se faire bien voir et dénonceront aux hommes de main de l’État russe l’infortuné parent qui a offensé les Soviets.

Ce nouveau décret devrait définitivement balayer tout doute subsistant encore à propos de l’existence du communisme en Russie. Ce texte juridique ne prétend même plus défendre l’internationalisme et les intérêts du prolétariat. Le vieil hymne internationaliste s’est maintenant transformé en une chanson païenne qui vante la patrie et que la presse soviétique servile encense bruyamment: « La défense de la Patrie est la loi suprême de la vie, et celui qui élève la main contre elle, qui la trahit, doit être éliminé.»

Il est désormais évident que la Russie soviétique est, sur le plan politique, un régime de despotisme absolu et, sur le plan économique, la forme la plus grossière du capitalisme d’État.