Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/283

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prouesses et vaillantises en guerre, et plus[1] luy est permis auoir de femmes pour le seruir : et aux autres moins. Car à vray dire, les femmes trauaillent plus sans comparaison, c’est à sçauoir à cueillir racines, faire farines, bruuages, amasser les fruits, faire iardins et autres choses qui appartiennent au mesnage. L’homme seulement va aucunefois pescher, ou aux bois prendre venaison pour viure. Les autres s’occupent seulement à faire arcs et flesches, laissant le surplus à leurs femmes. Défloration des filles auât qu’estre mariées. Ils vous donneront une fille[2] pour vous seruir le temps que vous y serez, ou autrement ainsi que vous voudrez : et vous sera libre de la rendre, quand bon vous semblera, et en usent ainsi coustumierement. Incontinent que serez là, ils vous interrogeront ainsi en leur langage : Viença,

  1. D’après H. Staden (P. 274) : J’ai vu des chefs qui en avaient treize ou quatorze. Abbati Bossange, mon dernier maître, en avait un très-grand nombre. » Cf. Léry. § xvii. « Et en ay veu un qui en auoit huict, desquelles il faisoit ordinairement des contes à sa louange. » — Thevet. Cosm. univ. P. 933 : « Ce que i’ay veu en la maison d’un nommé Quoniambec, lequel entretenoit auecluy huict, et cinq qu’il auoit hors sa maison. » — Orbigny. L’Homme américain. I. 193.
  2. Voir les curieux exemples cités par Lubbock. Origines de la Civilisation. P. 67 et suivantes. D’après le capitaine Lewin (Hill tracts of Chittatong. P. 116), les tribus de Chittatong regardent le mariage comme une simple union animale et comme une commodité. Ils n’ont aucune idée de tendresse et de dévouement. Charlevoix (Histoire du Paraguay. I. 91) raconte que chez les Guayacurus du Paraguay « les liens du mariage sont si légers, que, quand les deux parties ne se conviennent pas, ils se séparent sans autre cérémonie. » Même indifférence chez les Guaranis. (Id. P. 352.)