Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/146

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hauteur le dos resté uni. Pour les reliures ordinaires, des filets or simples ou doubles et formant encadrement suffisaient avec le titre en tête ; mais pour les dos des livres riches, on imaginait une nouvelle composition d’ensemble s’harmonisant autant que possible avec celle des plats. Ce système excellent, d’une exécution facile, s’il s’agissait de semis et de dessins courants, donnait aussi à l’artiste l’occasion de montrer son talent, quand il lui fallait assortir la décoration du dos avec les plats d’un volume d’une ornementation quelque peu compliquée.


Quant à ce qui est de la façon de la reliure proprement dite, du corps d’ouvrage, suivant l’expression technique, nous devons remarquer que la couture était généralement faite avec soin et solide ; le battage laissait à désirer, de même que l’endossage, lourdement exécuté, n’avait pas l’élasticité suffisante. Aussi les cartons tendent-ils à retomber trop vite sur le livre quand on veut l’entr’ouvrir.

L’ensemble, en somme, s’il est solide, manque de cette délicatesse dans le travail, que nous ne trouverons seulement qu’au commencement du xviiie siècle.


Dans beaucoup de beaux volumes, la coiffe très élevée s’abaissait en pente adoucie sur les bords des plats (voy. pl. II et III) ; mais ce ne fut qu’une exception et à laquelle on renonça, sans doute à raison de l’inconvénient qui en résultait, quand il fallut aligner les livres en rayons dans les bibliothèques.


Les gardes étaient toujours faites de papier blanc. Les reliures, doublées de peau à l’intérieur, sont tellement rares au xvie siècle, qu’on a pu prétendre que celles qui existent ne sont pas authentiques et que ces doublures, formées de plats pris sur d’autres volumes, auraient été appliquées après coup.