Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du xvie siècle, quoique assez beaux parfois, n’avaient plus autant de richesse que ceux du moyen âge adaptés aux manuscrits recouverts de velours, de soie, d’or ou d’argent repoussé et ornés de pierres précieuses. Peu à peu, l’usage s’en perdit, car on comprend que les livres imprimés sur papier, une fois bien battus et bien emboîtés dans leurs châsses, devaient, par cela seul, se maintenir d’eux-mêmes hermétiquement fermés. Les fermoirs, devenus superflus, ne servirent plus que comme motif à enrichissement.


Pour les livres ordinaires toujours reliés en peau de veau, en vélin ou en peau de mouton mise en couleur et appelée basane, les plaques avec sujets en relief, les roulettes gaufrées qui durèrent en Allemagne au delà du xvie siècle, avaient été abandonnées d’assez bonne heure en France, où, à partir de 1550 environ, les reliures d’un usage courant étaient traitées avec la plus grande simplicité. Les plats ne portaient guère que de simples filets à froid sur les bords ou un encadrement intérieur avec fleurons aux coins presque toujours à froid. Quelquefois, ces fleurons de coin, ainsi qu’un sujet de milieu étaient dorés. Les dos, également très simples, le plus souvent sans titre, n’avaient généralement aux entre-nerfs qu’un petit fleuron à froid.

On ne doit pas oublier qu’à une époque où les collections se composaient d’un petit nombre de volumes, ceux-ci portaient leur titre sur le plat des couvertures, parce qu’on les posait à plat dans les bibliothèques ; mais la production de l’imprimerie allant toujours en augmentant, il fallut bien, pour épargner la place, aligner les volumes debout et côte à côte, au lieu de les étaler à plats sur des tablettes inclinées. On inscrivit désormais au dos les titres des ouvrages et l’ornementation de cette partie du volume, quelque peu négligée jusqu’alors, prit une plus grande importance.

Quoique les volumes fussent toujours cousus sur nerfs, ainsi que les ordonnances l’exigeaient, on les couvrait généralement de façon à ce que ces nerfs fussent invisibles, ce qui permettait, sans être gêné par les nerfs en relief, de décorer dans toute sa