Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/16

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partie.

Ils se constituèrent donc en confrérie, à l’imitation de plusieurs autres compagnies et communautés de marchands et artisans de Paris, et, après avoir choisi saint Jean l’Évangéliste pour patron, les plus notables de la corporation adressèrent une demande au roi Charles VI, qui, par une charte en date du 1er juin 1401, autorisa : « Nicolas de Bosc, J. Postié, H. Marescot, escrivains ; Jacques Richier, enlumineur; J. Chapon, libraire ; Guillaume Deschamps et Simonet Milon, relieurs, à fonder une confrérie en l’église Saint-André-des-Arcs, sous l’invocation de saint Jean l’Evangéliste[1]. »

Quoique la teneur de cette pièce nous soit inconnue, nous savons pourtant, par une charte dont nous parlerons plus loin, qu’une des obligations principales de la nouvelle association religieuse consistait en la célébration de trois messes : la première dite pour le Roi et ses prédécesseurs et pour l’Université ; la seconde, pour les membres vivants de la confrérie, et la troisième, pour le repos de l’âme des confrères décédés. La cotisation annuelle était, pour chaque membre, de douze deniers parisis.

La confrérie de Saint-Jean-1’Évangéliste avait à sa tête plusieurs dignitaires, appelés maîtres, pris parmi ses membres les plus en évidence. Les premiers furent sans doute ceux que nous venons de nommer, et au nombre desquels se trouvent deux relieurs, Guillaume Deschamps et Simonet Milon. Il y eut par la suite, du reste, un ou deux relieurs appelés à remplir ces fonctions honorifiques, mais leurs noms ne nous ont été conservés qu’à partir de 1582.

Disons en passant que Jacques Richier, désigné dans la charte de 1401 comme enlumineur, exerçait encore la profession de relieur, de même que deux de ses confrères, Huguelin de Champdivers (1387) et Huguet Foubert (1390), vivant aussi à Paris,

  1. Cette charte faisait partie, sous le n° 630, de la vente d’autographes du Dr Morelli, effectuée en mars 1869 par Gabriel Charavay. Malgré nos recherches, nous n’avons pu découvrir le nom du collectionneur devenu l’heureux possesseur de ce très intéressant document. La notice de Charavay disait par erreur que cette confrérie était placée sous l’invocation de saint Jean-Baptiste, car la confirmation de cette charte, donnée en 1467, porte bien saint Jean l’Évangéliste.